Au milieu des éclats de rire et des discussions, ou simplement bercé par une musique d’ambiance, tout le monde fait « tchin tchin » en se regardant dans les yeux et profite de l’instant pour lâcher prise et se détendre. Préambule au repas, l’apéro ne date pas d’hier et a accueilli en son sein des siècles de bons vivants désireux de communiquer autour d’un breuvage plus ou moins alcoolisé.
Les Romains en étaient de fervents adeptes, épicuriens au possible, adorant cette heure où les papilles gustatives commencent à s’agiter en prévision d’un repas pantagruélique. Le mot apéritif vient d’ailleurs du latin « aperire » signifiant tout simplement « ouvrir ». L’apéritif ouvre donc le bal des festivités. Pourtant au Moyen ge, période où l’usage de l’alcool était censé n’être que médicinal, l’apéritif se cantonnait à une préparation à base de vin et de plantes censée revigorer les plus abattus, avant d’entamer leur repas.
Les Italiens, friands de bonne chère et particulièrement prolixes à la tombée du jour, inventeront le vermouth qui donnera bien des dérivés chaleureux, à consommer dans les cafés à la mode, transmettant leur goût de la délectation par delà leurs frontières dans les années 1900. Plus tard, ce seront les bourgeois qui entretiendront le mythe d’un bon verre, au salon, autour de la cheminée, confortablement assis dans leurs fauteuils « crapauds » juste avant de passer à table se faire servir un repas aux mets des plus aristocrates et recherchés.
L’apéritif communément nommé « apéro » dans les couches populaires est une sorte de moment culte, se répétant ou non chaque début de soirée, se démocratisant au fil des décennies, se célébrant ensuite midi et soir, pour les plus addicts, servi au comptoir des troquets parisiens et des cafés de village. Pastis 51 et autres Martini on the rocks, emplissent les verres en chœur en fonction des préférences de chacun, des ambiances sophistiquées aux plus tapageuses, du brouhaha avant le service du soir, juste à la sortie des usines, des bureaux, mélangeant les styles, les classes sociales, autour d’alcools nobles et de recettes innovantes, de boissons douces aux plus explosives !
Depuis lors, il réunit des hordes de jeunes et moins jeunes, se prolonge tard dans la nuit, s’aménage et s’adjoint des saveurs culinaires avec lesquelles il se marie à merveille, permettant de grignoter et non plus de passer à table, déclinant toutes sortes d’alcools forts, de vins et de boissons fruitées, gazeuses ou non, dans des cocktails étonnants et détonants, dans des soirées à thème, ou plus improvisées. Sa dynamique reste celle de regrouper des heureux privilégiés autour d’un verre commun, pour refaire le monde, débattre de sa journée, s’extasier d’un morceau de musique, se retrouver, s’aimer, danser, vivre et profiter de l’instant présent et précieux de la gaieté ambiante, de l’amitié !